Le bassin versant de l'Arc

Le fleuve Arc et son bassin versant

L’Arc, en Provence, est un fleuve côtier qui se fraye un chemin d’est en ouest sur 85 kilomètres, descendant de 470m d’altitude depuis sa source à Saint-Maximin dans le Var, à près de zéro mètre lorsqu’il se jette dans l’étang de Berre, dans le département des Bouches-du-Rhône.

Fière et majestueuse, la Montagne Sainte Victoire semble veiller sur sa vallée au Nord, tandis que le Mont Aurélien et la Chaîne de l’Étoile l’accompagnent depuis le Sud.

Les Bouches-du-Rhône sont le troisième département le plus peuplé de France.

Ici, ça pousse comme des champignons

Sur l’ensemble du territoire de l’Arc la pression anthropique* est particulièrement marquée. Majoritairement peuplé de Bucco-rhodaniens et de peu de Varois (rappelons que l’Arc prend sa source à la limite du Var avec les Bouches-du-Rhône), c’est essentiellement dans les vallées et donc en bordure des cours d’eau que les activités humaines représentent des enjeux de taille. 

Sous pression !

*Pression anthropique : effets générés par les activités humaines, – urbanisation, agriculture, équipement -, sur les ressources naturelles et les écosystèmes.

Industrie & commerces

L’activité économique se répartit sur l’ensemble du bassin. On y trouve toute taille d’industrie et de commerce : de l’atelier isolé à la zone industrielle, du comptoir à l’usine, de la rue des commerces au magasin central.

Les quatre principales zones industrielles et commerciales imposent par leur taille et soulignent l’aspect urbain du territoire. Fierté pour les uns, mauvais exemple pour les autres,  une d’entre elles tient la pole position de la plus grande zone commerciale de France. La connaissez-vous ?

Alors que le territoire artificialisé par ces activités ne représente qu’à peine 17km2, soit 2% des surfaces du bassin versant, la pression qu’elles exercent y est particulièrement forte (pollution & imperméabilisation des sols).

Côtes de Provence & Ratatouille

L’agriculture couvre près d’un quart du territoire. Depuis la haute vallée de l’Arc jusqu’aux contreforts des massifs Mont Aurélien et de la Montagne Sainte Victoire, ce sont principalement des cultures céréalières et viticoles. L’appellation Côtes de Provence « Sainte Victoire » en fait la promotion, pour n’en citer qu’une !

Alors que la plaine aixoise est avant tout façonnée par des cultures céréalières et maraîchères, vignes, serres et plantations d’oliviers rythment les espaces agricoles en basse vallée de l’Arc, dans la plaine de Berre.

La pression liée à ces activités agricoles provient surtout de l’utilisation de pesticides et des modes de gestion des milieux naturels adjacents.

Ça roule de partout !

De nombreuses infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires tissent un filet aux mailles serrées sur le territoire, occupant plus de 10km2 du bassin versant. 

Canaux, autoroutes, routes nationales, départementales, communales, chemins de fer… , ce dense réseau linéaire traverse plaines et zones inondables.

Quand libellules, écrevisses et grenouilles se donnent en spectacle

De nombreuses petites et quelques grandes zones humides jalonnent les bords de l’Arc et de ses affluents. Toutes offrent une biodiversité riche et foisonnante.

Parmi ces zones on compte évidemment notre « Ripa Silva », forêt des berges qui enveloppe en grande partie les 660 km linéaires que constituent les cours d’eau du bassin.

Ces espaces plus au moins sauvages, regorgent de trésors et invitent à l’observation.

Le bassin versant de l’Arc s’étend d’est en ouest. On parle de « l’Arc et de son chevelu » lorsqu’on évoque le réseau hydrographique du bassin. Dense sur la haute vallée grâce aux hauts reliefs qui facilitent l’érosion et donc la naissance de nombreux vallats, il est peu développé en basse vallée.

Regardez, peut-être vous connaissez un des ces 20 affluents !
En rive droite, nous avons la Tune, la Partie, la Groule, l’Aigue Vive, le Bayeux, la Cause, la Torse, le Malvallat, le Vallat des Marseillais, le Vallat des Eyssarettes.

En rive gauche, coulent le Vallat des Très Cabrès, la Gardi, le Longarel, le Ruisseau de Genouillet, le Ruisseau de la Foux, le Verdalaï, le Grand Vallat de Fuveau, la Luynes, la Jouïne, le Grand Torrent.

Carte du bassin versant de l'Arc, équivalent au périmètre du SAGE de l'Arc

Observés sur une carte, ses affluents ressemblent à de fins cheveux

Des ruisseaux souvent vite à sec

Après les mois d’été, pendant lesquels l’Arc coule peu (moins de 1m3/s), voire s’assèche sur son linéaire varois amont d’Aix-en-Provence, les pluies d’automne font augmenter son débit pour atteindre en hiver, une moyenne de 2 à 4m3/s.
Influencé par un climat méditerranéen, il peut même atteindre plusieurs centaines m3/s., à l’occasion d’événements pluvieux rares et très intenses.
En d’autres termes : même dans le Sud, il pleut. Et il peut y pleuvoir très fort ! Plus fort qu’ailleurs.

L’Arc ? Oui, il a débordé, et pas qu’une fois

L’étude des archives communales et départementales montre que l’Arc ainsi que ses affluents ont toujours débordé, même si notre mémoire tend à l’oublier ! Des archives remontant au XVème siècle font état de débordements de l’Arc dans la plaine des Milles ! Une trentaine de crues sont archivées pour le XXème siècle.

Les crues les mieux connues sont les plus récentes : octobre 1972, octobre 1973, janvier 1978, septembre 1993, décembre 2003 et décembre 2008.

Les crues lentes

Elles se forment après un épisode pluvieux prolongé de moyenne intensité réparti sur l’ensemble du bassin versant. La rivière sort lentement de son lit mineur et occupe son lit moyen et éventuellement son lit majeur. Le temps de montée de la crue est de l’ordre de 24 heures.

Les crues rapides

Se produisant généralement en automne, elles sont provoquées par des épisodes orageux très intenses de courte durée. Brutales et violentes, ces crues sont générées par un ruissellement et une concentration des eaux rapides. Le temps de montée de la crue est de l’ordre de quelques heures seulement, selon le cours d’eau.

Sachez-le !

Menelik a confié une étude  à un historien. Actuellement en cours, et donnera lieu à un ouvrage sur l’histoire des inondations de l’Arc. Restez connectés !

La population a augmenté de 150% en un peu plus de 50 ans

Il fait bon vivre dans le Sud !

Environ 300 000 personnes vivent sur le bassin versant, avec une densité de 400 habitants/km², soit presque 4 fois plus que la densité moyenne française.
L’agglomération d’Aix-en-Provence et le bassin de Gardanne sont les territoires les plus peuplés et qui enregistrent les plus forts taux de croissance de la population : environ 15% tous les 10 ans*.

* Source : INSEE – recensements 1962, 1968 ,1975, 1982, 1990, 1999, 2009

Vous habitez sur le bassin ?

Le bassin versant de l’Arc s’étend sur 34 communes : Aix-en-Provence, Beaurecueil, Belcodène, Berre-l’Étang, Bouc-Bel-Air, Cabriès, Châteauneuf-le-Rouge, Coudoux, Éguilles, Fuveau, Gardanne, Gréasque, La Fare-les-Oliviers, Lançon-Provence, Le Tholonet, Les Pennes-Mirabeau, Meyreuil, Mimet, Ollières, Peynier, Pourcieux, Pourrières, Puyloubier, Rousset, Saint-Antonin-sur-Bayon, Saint-Marc-Jaumegarde, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Saint-Savournin, Simiane-Collongue, Trets, Vauvenargues, Velaux et Ventabren

L’Arc, muse des peintres

Paul Cézanne, évidemment !

Les thèmes de l’eau, des baigneuses et de l’Arc ont été des motifs appréciés de Paul Cézanne. Bien qu’il ait développé ces thèmes au début de sa carrière d’artiste à travers quelques toiles, ce n’est qu’à partir de 1885, lorsque Cézanne séjourne en Provence de façon plus permanente, qu’il peindra ses toiles les plus célèbres.

Source : Les sites cézanniens, Réunion des musées nationaux & Amis du musée Granet et de l’œuvre de Cézanne, Paris, 1996

« Ce qu’il y a de sûr,
c’est que je brûle d’aller en plongeur intrépide
sillonner le liquide de l’Arc et
dans cette eau limpide
attraper les poissons
que m’offre le hasard ».

Extrait d’une lettre de Paul Cézanne, adressée à Émile Zola, en 1858

Baigneurs, vers 1890-1892, Paris, musée d’Orsay, donation de la baronne Eva Gebhard-Gourgaud

Baigneuses sous un pont, vers 1900, New York, The Metropolitan Museum of Art

Cincinnati, Cincinnati Art Museum, don de John J. Emery

La Montagne Sainte Victoire et le viaduc de la vallée de l’Arc, 1882-85, New York, Metropolitain Museum of Art, New York 

L’Arc et l’architecture

L’Aqueduc de Roquefavour

50 000 m3 de pierres taillées, six années de construction, le génie d’un jeune ingénieur directeur, Franz Mayor de Montrichet et voilà que naît en 1847 le plus grand aqueduc en pierre du monde ! Cette nouvelle voie aquatique permettra désormais d’acheminer, via le Canal de Marseille, l’eau de la Durance jusqu’à Marseille et ses environs.

Le Pont de Saint-Pons

Nous sommes au début du XIVème siècle. Un pont au lieu-dit de Saint-Pons permet désormais de franchir l’Arc en pays aixois dans la plaine des Milles. Devenu très rapidement un point de passage incontournable, il est élargi cinq siècles plus tard pour permettre le croisement des chariots. Depuis, l’ouvrage classé monument historique, n’a plus été modifié. Par contre, au fil des siècles, le bruit des sabots a été remplacé par celui des véhicules motorisés qui le traversent quotidiennement par milliers.

Photographie Copy right Henri Ely – Aix

Le Pont des Trois Sautets

Moins connu pour son architecture, il abrite des souvenirs célèbres, plus au moins joyeux.

Cézanne l’a peint en 1906.
« La voiture viendra me prendre et me conduira à la rivière, au pont des Trois-Sautets. Là, il y a plus de fraîcheur. » Lettre à son fils

Winston Churchill s’y délassa à ses heures perdues en 1948 ; notamment pour peindre.

En traversant le pont en 1964, le chanteur Serge Lama fut victime d’un grave accident de voiture dans lequel le frère d’Enrico Macias, Jean-Claude, ainsi que Liliane Benelli, pianiste de Barbara et fiancée de l’époque de Serge Lama, trouvèrent la mort.

L’Arc sous l’œil des photographes

Adrien Perrin