La Touloubre


La Touloubre et son bassin versant
La Touloubre, fleuve côtier de 59 km, prend sa source à Venelles, dans les Bouches-du-Rhône, à 330 mètres d’altitude, entre le massif de la Trévaresse et la montagne Sainte-Victoire. Son bassin versant s’étend entre celui de l’Arc, au sud, et celui de la Durance, au nord.
Après avoir traversé le plateau de Puyricard, elle s’enfonce dans les collines, passant au nord d’Éguilles et au sud de Saint-Cannat. La Touloubre poursuit sa course à travers La Barben et Pélissanne, franchissant le canal EDF à Salon-de-Provence grâce à un large conduit souterrain (siphon), avant d’arroser Grans.
À l’approche de la Crau, près de Miramas, elle forme un coude marqué et se dirige vers son exutoire : l’étang de Berre. Là, à Saint-Chamas, dans une zone de marais appelée « Petite Camargue », elle termine sa course au lieu-dit « la Pointe ».
Géographie : affluents et communes

La Touloubre et ses affluents
Le Budéou, la Concernade/Lavaldenan, le Bouléry et la Goule, sont les affluents en rive droite qui accompagnent la Touloubre tout au long de son parcours. Comme pour de nombreux bassins versants, d’autres ruisseaux, plus petits, voire parfois invisibles, enrichissent son réseau hydrographique. Une particularité de la Touloubre : quasiment aucun affluent sur sa rive gauche !
Le bassin versant de la Touloubre s’étend sur 18 communes : Aix-en-Provence, Aurons, Cornillon-Confoux, Coudoux, Grans, La Barben, Éguilles, Lambesc, Lançon-de-Provence, La Fare-les-Oliviers, Pélissanne, Rognes, Salon-de-Provence, Saint-Cannat, Saint-Chamas, Venelles, Ventabren et Vernègues.
Écosystème : activités et biodiversité

Rurbaine
La Touloubre s'en sort mieux que ses voisins l’Arc et la Cadière, face à la forte pression anthropique du département. Vue du ciel, elle semble éviter les zones urbanisées. Ainsi, elle traverse des centres-villes, passe dans la base militaire aérienne de Salon, alimente trois microcentrales électriques, un moulin à blé témoin de son patrimoine hydraulique.
Malgré une forte augmentation de la population ces 30 dernières années, liée à l’attractivité des grands pôles urbains situés à proximité (Marseille et Aix-en-Provence), le bassin versant de la Touloubre dispose d’un équilibre préservé entre les espaces naturels et les zones urbanisées.
Industrie et commerces
L’activité économique est faiblement représentée. Il s’agit surtout d’activité tertiaire — service, commerce, artisanat — en développement avec une répartition sur l’ensemble du bassin.
C’est autour de la ville de Salon-de-Provence que nous pouvons constater une plus grande densité, avec notamment trois zones d’activités mixtes.


Il y a de la place !
Le bassin versant de la Touloubre couvre un territoire d’environ 420 km² et accueille une population d’un peu plus de 100 000 habitants. Un chiffre qui laisse imaginer la densité relative qui caractérise ce bassin versant en comparaison à ces voisins Cadière et Arc : 238 habitants/km².Cependant, nous sommes loin des 106 habitants au km², la densité moyenne de la population sur le territoire français métropolitain*.
Une agriculture riche et variée
L'agriculture joue un rôle clé dans la vie et les paysages du bassin de la Touloubre. Du plateau de Puyricard à la chaîne de la Trévaresse, jusqu’à la plaine de l’étang de Berre, vignobles, champs d’oliviers, cultures céréalières et maraîchères composent un tableau agricole riche et varié. En aval, les nombreux canaux d’irrigation gravitaire reflètent une tradition agricole tournée vers les prairies.
Toutefois, la ressource en eau de la Touloubre est mise à rude épreuve par les différentes activités du territoire. Si l’agriculture est indispensable, elle peut aussi affecter la qualité de l’eau et les milieux aquatiques, notamment en raison de l'utilisation de pesticides.


Ormes champêtres, frêne du Midi, canne de Provence…
La ripisylve, qui longe d’importants tronçons de la Touloubre comme de ses affluents, constitue un élément marquant du paysage. Cette forêt riveraine sert alternativement de refuge, de site de reproduction et de source de nourriture pour une communauté piscicole diversifiée et nombreuse, ainsi que pour de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères.
Il existe, sur le bassin versant, des secteurs naturels, véritables havres de fraîcheur : les plaines de Saint-Cannat et d’Éguilles, les gorges de La Barben, le site de Fontaine Marie-Rose à Grans, le hameau de Pont-de-Rhaud à Cornillon, le pont de la Roquette et le pont Flavien romain à Saint-Chamas, le secteur de la « Petite Camargue » au débouché de la Touloubre dans l’étang de Berre…




Hydrologie : sécheresses et inondations
Attention, eaux gonflantes !
Petite rivière calme et paisible d’apparence, il suffit d’étudier l’étymologie de son nom pour comprendre que cet état peut vite changer : en celte « Touloubre » signifie « eaux gonflantes ».
En effet, cette petite rivière a démontré par le passé qu’elle était capable de sortir souvent de son lit, aidée de ses affluents, pour aller inonder les habitations, les zones agricoles et les zones d’activités économiques générant parfois des dommages considérables, comme sur cette photo de 1993 à Pélissanne.

On sait seulement que la Touloubre débordait régulièrement dans la plaine de Salon-de-Provence jusqu’à Lançon et occupait toute la largeur de cette plaine.
Certains habitants ont encore en mémoire les dernières grandes inondations sur le bassin de la Touloubre : 6 octobre 1973 – 10 novembre 1976 – 26 août 1986 – 22 et 23 septembre 1993 – 21 octobre 1994. Et de moindres mesures automne 2003 – décembre 2008 – décembre 2019.


Au régime sec ?
Nous sommes dans le Sud. Le territoire est exposé au climat méditerranéen, donc à des périodes de sécheresse intenses auxquelles s’ajoutent des épisodes orageux, très violents. La Touloubre présente la particularité de récupérer les retours de canaux d’irrigation l’été. Avec un impact sur son régime hydrologique particulier : l’étiage inversé. En clair, l’été, elle ne souffre pas du manque d’eau. On observe sa période d’étiage — le plus bas niveau des eaux — en hiver.
Patrimoine : art et culture

Appel à témoignages
Menelik cherche. Il cherche dans les archives, recueille auprès des anciens et se documente. En attendant que l’histoire sur le bassin versant de la Touloubre s’écrive, voici quelques jolies choses piochées par ci et par là, pour commencer à poser les premières lignes.
Peut-être avez-vous des récits à partager, des clichés qui témoignent d’une époque révolue, où la rivière coulait à travers des champs cultivés ou bien débordait ?
La Touloubre et l'architecture

Le pont Flavien à Saint-Chamas
Déjà les Romains préféraient l’enjamber en sécurité ! Construit vers 10 av. J.-C., un pont prestigieux, long de 22 m et large de 6 m, permettait le passage au-dessus de la Touloubre de la voie romaine reliant Marseille à Arles. Situé à l’entrée de la commune de Saint-Chamas, le pont Flavien, classé au titre des Monuments historiques, est le seul pont romain au monde à avoir conservé ses arcs. Ça vaut le détour !

Le pont de la Roquette
Ce petit pont enjambe la Touloubre à Saint-Chamas. Reconstruit au XVIIIe siècle après une crue, il complétait le pont Flavien tout proche. Contrairement à ce dernier, il servait de draille, permettant aux bergers de guider leurs troupeaux vers les pâtures.

Le moulin Saint-Joseph à Grans
Niché dans un vallon verdoyant, le Moulin Saint-Joseph, datant du XVIe siècle, est le dernier moulin encore en activité dans les Bouches-du-Rhône. Actionné par l’énergie hydraulique de la Touloubre, il perpétue la tradition grâce à la famille Monteau, qui transforme des céréales biologiques certifiées en farines. Il est inscrit aux Monuments historiques depuis 1933.
La Touloubre sous l’œil des photographes



